champion du monde s'est noyé
Robin van Persie a affiché son bonheur au coup de sifflet final. (L'Equipe)
L'Italie, championne du monde en titre, a littéralement bu la tasse face à une équipe néerlandaise impressionnante (0-3) et menée de main de maître par le tandem madrilène Sneijder - van Nistelrooy. Après le nul entre la France et la Roumanie, l'Italie est dernière du groupe.
Et si les favoris n'étaient finalement pas ceux que l'on croyait ? Après la France, tenue en échec par la Roumanie plus tôt dans l'après-midi (0-0), l'Italie, malgré son statut de championne du monde en titre, a été littéralement balayée par une équipe néerlandaise en tous points séduisante (0-3). Certes, la Nazionale, qui n'avait plus perdu contre les Pays-Bas depuis trente ans, râlera certainement longtemps après le premier but accordé à Ruud van Nistelrooy, hors jeu de deux mètres. Elle l'a d'ailleurs fait dès la validation de celui-ci, vidéo à l'appui. Les recommandations de l'UEFA, quant à la diffusion en simultané de la rencontre et des ralentis sur écrans géants dans le stade, n'ont pas servi à grand-chose. A peine le ballon avait-il franchi la ligne que les deux monstres diffusaient en boucle, et sous toutes les coutures, la position illicite du buteur madrilène. A trop discuter, et à trop montrer à M. Fröjdfeldt qu'il s'était trompé, Luca Toni a fini par être (logiquement ?) sanctionné d'un carton jaune. Nul doute que ce tout nouveau phénomène vidéo n'a pas fini de faire parler, mais peut-être pas autant que la défaite logique des Azzurri.
La Nazionale, et pas uniquement sa défense, n'a tout simplement pas été à la hauteur ce soir. L'adversaire, toujours prometteur mais rarement à l'arrivée ces dernières années, a peut-être enfin trouvé son bonheur. Les noms, surtout en ce qui concerne les joueurs défensifs, sont cette fois moins ronflants mais le collectif beaucoup plus solide, et mené de main de maître par un tandem Sneijder - van der Vaart impressionnant de technicité. Hormis un joli gri-gri signé Pirlo avant le repos, les gestes techniques de grande classe, relativement nombreux pour un tel match à enjeu, ont tous été néerlandais. Les occasions aussi. Sans un crochet un peu trop long sur Buffon, van Nistelrooy aurait d'ailleurs ouvert la marque un peu plus tôt (18e). Cela aurait également pu venir d'une tête contre son camp de Materazzi, peu en verve ce soir et remplacé juste après la pause (25e). C'est finalement venu de van Nistelrooy, déviant de près un missile de Sneijder (27e). Comme pour mieux éviter les longs discours, les Bataves se sont alors empressés de doubler la mise, cette fois régulièrement et à l'issue d'un contre d'école (32e). Transversale de van Bronckhorst, remise de la tête de Kuyt et volée de Sneijder, décidément dans tous les bons coups. Imparable.
Luca Toni s'est manqué
Sans un somptueux réflexe de Buffon devant le même van Nistelrooy (43e), l'Italie aurait même pu regagner les vestiaires avec une véritable valise. Bien sûr, les Transalpins se sont également créés quelques situations, souvent par Di Natale, mais ils ont à chaque fois fait le mauvais choix dans le dernier geste (3e, 12e). Et quand ils ont cru trouver la faille, sur un corner dévié de Pirlo, ils ont surtout trouvé un Van Bronckhorst bien calé sur sa ligne (31e). Confortés par leur net avantage au score, les Oranje ont avant tout cherché à le défendre en deuxième période. L'Italie a eu le ballon, mais elle n'en a pas fait grand-chose de bon jusqu'au dernier quart d'heure de jeu. Même le canonnier Luca Toni, seul face à van der Sar, s'est complètement manqué (76e). L'Italie a fini par pousser, vraiment, mais sans jamais réussir à tromper la vigilance du dernier rempart adverse. Giovanni van Bronckhorst, à la conclusion d'un contre mené avec Dirk Kuyt, ne s'est pas fait prier pour enfoncer le clou, de la tête (79e), juste avant que le tout jeune Afellay ne trouve la barre sur une frappe osée (82e). Les nombreux supporters néerlandais pouvaient alors entonner un «campeoni, campeoni» en Italien dans le texte aussi chambreur qu'ambitieux. Ce soir, le champion du monde est tombé sur plus fort que lui. - Bruno RODRIGUES, à Berne.